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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/260

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LE PRÉSENT.

soir-là son rôle favori, portait le manteau de Médée ; elle apprend qu’un soldat, un fier Espagnol, brave comme son épée, oubliant un jour ses devoirs, a porté la main sur un officier, et demain il sera passé par les armes ; elle sait que généraux, princes et grandes dames ont demandé sa grâce, mais il faut un exemple ; la grâce a été refusée. L’actrice ne fait qu’un pas du théâtre à la loge royale, et tombe aux genoux de la reine : « Grâce, crie-t-elle, grâce pour lui, je ne quitterai vos genoux que quand je l’aurai obtenue ! » La reine, surprise, émue, accorde à l’instant même, et sur une seule parole, à la voix de l’actrice, ce que n’avaient pu obtenir les princesses et les grands officiers. — C’est encore, madame, votre plus beau triomphe : c’est bien d’user ainsi du pouvoir sacré que donne le génie, d’étendre sur le front des vaincus le manteau de sa gloire.


Max.