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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/302

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LE PRÉSENT.

— Je ne veux plus me montrer, s’écria-t-il, que tout Laverdie croie que je suis malade ! Qu’on le croie surtout à la Maison-Grise !


Or l’absence de madame du Songeux se prolongeait : on se pressait chez la mairesse pour en savoir la cause, que madame Éléonore, toute la première, avait longtemps cherchée. Enfin, elle s’était souvenue vaguement de la dernière phrase d’Anna, et dès lors elle ne répondit plus à toutes les questions que par un même mot qui n’était compris de personne.

— La cause de cette absence, murmurait-elle, ce n’est pas ce mariage ; c’est le procureur du roi !

Le pauvre Moreau cherchait un grain d’ellébore pour l’administrer à sa compagne.

— Et le Parisien ? se demandait-on.

Il se cachait obstinément. François, son domestique, passait plus de temps à Kœblin qu’à l’hôtel. Le huitième jour de l’absence de la châtelaine, il revint à la Tour-d’Argent, haletant, épuisé ; il passa comme uhe flèche dans la salle basse de l’hôtel, en culbutant les maritornes pour arriver plus vite à son maître. Une seconde après, Arsène traversait la place et puis la grande rue du bourg en courant, comme son valet. Il entra du même pas dans le chemin des Pommiers et dans le jardin de la Maison-Grise.

— Julie ! s’écria-t-il, il n’est plus temps d’hésiter ; il faut que vous parliez aujourd’hui même, à l’instant. Le procureur du roi est à Laverdie : il y vient à cause de vous.

Madame André saisit sa fille entre ses bras, comme pour la défendre, mais la jeune femme ne faiblit point.

— Je parlerai moins que jamais, s’écria-t-elle.

— Je vous ai avertie ! dit Arsène en s’éloignant.

XVII

La veuve de Baptiste Moreau n’avait pas été absoute : il n’y avait point eu de débats, à peine d’instruction ; l’accusation demeurait peu-