Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/323

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
311
L’INDE FRANÇAISE.

vestirent. L’extrême faiblesse de la garnison rendait toute résistance impossible ; il fallut se rendre. L’ennemi, certain que sa conquête était définitive, et surtout dans l’espoir que les Français n’y pourraient jamais rentrer, se hâta d’achever et de compléter les fortifications commencées. Ce qui devait amener la ruine de la Compagnie dans l’Inde, devint ainsi, par suite des péripéties politiques de l’Europe, la raison première de sa plus grande prospérité. À la paix de Riswick, Pondichéry fut restituée à la France, entourée d’une forte enceinte bastionnée, dont les Hollandais avaient fait gratuitement tous les frais. Martin, nommé directeur général, acheta du radjah de Viçapur la ville et son territoire, la rebâtit en l’agrandissant, et, en peu d’années, on compta cent mille habitants de toute nation là où, après le désastre de Saint-Thomé, soixante soldats ou matelots français s’étaient abrités, au bord de la mer, sous des voiles de navires et sous des toits de bambous.

Mais tandis que Pondichéry, par une sage administration, développait son industrie particulière et donnait lieu à de nouveaux comptoirs provinciaux sur les côtes de Coromandel et d’Oryçâh, à Ballaçor, à Kabripatam, à Matçulipatnam, les affaires de la Compagnie allaient en déclinant. Les prétentions des fermiers généraux au sujet des droits sur les objets d’importation, celles des chambres de commerce pour la vente de ces mêmes marchandises, et jusqu’aux rivalités d’influence qui agitaient le corps d’administration, amenèrent la cession du privilége de 1664 aux négociants de Saint-Malo. Le gouvernement dut intervenir, et l’édit de 1719 rétablit la Compagnie en absorbant de nouveau dans une unité d’action les intérêts divergents. Peu après, François-Joseph Dupleix, fils d’un fermier général, directeur de la Société nouvelle, arriva dans l’Inde. C’était un jeune homme grave, taciturne, ayant fini d’excellentes études mathématiques et doué d’aptitudes singulières pour le génie et les fortifications. Son père, désirant qu’il s’occupât spécialement d’affaires et de commerce, l’avait fait embarquer d’autorité, dès 1715, sur les navires malouins. Il fit ainsi plusieurs voyages en Amérique et en Orient. Sa destinée l’emporta sur ses précédentes résolutions. Il fut nommé premier conseiller au conseil supérieur et commissaire des guerres à Pondichéry, en 1720.

Le Noir gouvernait alors la colonie. Il pressentit le génie de Dupleix et se plut à l’initier aux secrets de ses opérations. La rapidité avec la-