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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/342

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LE PRÉSENT.

sa gloire. Si je l’ai blâmé, bien que mon île natale soit en quelque sorte l’œuvre de son génie, j’avoue que ses malheurs n’ont que trop expié ses fautes sur la côte du Karnatik ; fautes réelles, erreurs avérées sans doute, mais qu’absolvait d’avance, peut-être, l’éclat de ses grandes actions.

Collin de Bar, après avoir affirmé la mise aux fers de La Bourdonnais, n’hésite pas à formuler contre Dupleix une accusation également absurde et mensongère : celle d’avoir ordonné le sac et l’incendie de Madras. L’accusation est absurde, car c’eût été ruiner un comptoir donc la possession paisible nous était acquise ; elle est mensongère, car la capitulation fut rigoureusement observée dans toutes les parties favorables aux Anglais, à l’exception de l’article spécial de la rançon. La vérité est que Dupleix n’est jamais entré dans Madras, qui n’a jamais été ni mise à sac ni incendiée. Ce comptoir fut régulièrement administré par un directeur provincial et par un conseil délégué de Pondichéry. Paradis le défendit, avec une faible garnison, contre le retour offensif des Anglais, et il nous resta jusqu’au traité d’Aix-la-Chapelle, par lequel l’Inde française fut de nouveau sacrifiée à l’Angleterre et aux États-Généraux ; sacrifice complet et sans compensation, malgré l’équité apparente des termes conventionnels. Il y était dit, en effet, que tous les établissement conquis par nous seraient rendus, en échange de ceux qui nous auraient été enlevés ; or, nous n’avions rien perdu, nous ne recevions rien et cédions tout. Cependant, la défense de Pondichéry venait, dans ce temps même, d’agrandir notre influence.

Le 4 août 1748, une flotte anglaise de vingt-six bâtiments de guerre et de transport mouilla dans la rade. Cinq mille Européens et sept mille soldats d’Anauerdi-Khan, nabab d’Arkate, bloquèrent la ville défendue par huit cents Français et trois mille cipayes. Dupleix se multiplia. On travailla aux fortifications sous le feu de l’ennemi. L’héroïque Paradis, que les Hindous accueillaient avec des clameurs d’admiration, quand il les chargeait, mourut glorieusement dans une sortie ; mais cette mort elle-même électrisa les habitants pleins de confiance en l’énergie calme du chef. Après cinquante-huit jours de tranchée ouverte, les Anglais furent contraints de lever le siége avec une perte de trois mille hommes

La Compagnie s’épuisa en actions de grâce : « Ce ne sont plus les Mongols et les Mahrattes, monsieur, c’est la plus belliqueuse des nations de l’Europe qui passe aux Indes avec des frais immenses, sur la plus