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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/344

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LE PRÉSENT.

impudemment de nouvelles troupes, Dupleix conserva les siennes. Cependant, afin de ne pas effrayer la Compagnie, il les mit à la solde de Khanda-Çaeb, nommé nabab d’Arkate par Muçafer-Cingh. Leur entretien n’entraînait ainsi aucune dépense ; et, tout en restant dans la lettre du traité, nous n’étions plus les dupes contraintes et résignées de notre ennemi national. Le comte d’Auteuil joignit aussitôt l’armée des deux chefs mongols avec quatre cents soldats européens et deux mille cipayes.

Anauerdi-Khan, attaqué auprès de la forteresse d’Amur, perdit la bataille et périt dans l’action. Arkate se rendit. Le gouverneur de Madras, fidèle aux ruses grossières de la politique anglaise, envoya féliciter Khanda-Çaeb. Dupleix insista pour que les troupes victorieuses assiégeassent immédiatement Triçnapâli, où s’était réfugié Mohhammed-Ali-Khan, fils d’Anauerdi ; mais, avant d’entreprendre cette dernière expédition, malheureusement retardée par les blessures du comte d’Auteuil, Muçafer-Cingh désira visiter Pondichéry et y confirmer solennellement, à titre çubah du Dekkan, les donations promises en son nom. Outre Matçulipatnam et le territoire dépendant, sur la côte d’Oryçah, il céda à la France tout le Karnatik.

Peu après, deux mille Européens, commandés par d’Auteuil, et cinquante mille hommes des meilleures troupes de Muçafer-Cingh ouvrirent la campagne. Le siége de Triçnapâli n’était plus possible. Naçer-Cingh s’avançait à grandes journées vers le Dekkan méridional. Les armées se rencontrèrent bientôt, mais les disgrâces improbables succèdent d’ordinaire, dans l’Inde, aux succès les plus décisifs. Une insubordination soudaine et mystérieuse du détachement français fit tomber Muçafer-Cingh aux mains de son compétiteur, qui le mit aux fers. Khanda-Çaeb put se réfugier à Pondichéry. Tout semblait perdu. Le fait d’armes héroïque de de La Touche rétablit notre supériorité avec une égale promptitude. Il pénétra de nuit, à la tête de trois cents volontaires, dans le camp de Naçer-Cingh, lui tua douze cents hommes et détermina sa retraite précipitée vers le nord. D’Auteuil, avec ces mêmes soldats soulevés la veille et rendus au devoir, battit Mohhammed-Ali-Khan, dispersa ses forces et lui enleva trente pièces d’artillerie marquées aux armes d’Angleterre. Une autre victoire du marquis de Bussy, qui allait prêter au génie de Dupleix l’appui des plus hautes qualités militaires et politiques, acheva de ruiner l’influence du chef de Triçnapâli. Enfin, de La Touche in-