Notre siècle aura vu naître sans doute, sous des mains habiles à rappeler l’image du passé, de beaux tableaux historiques ; mais ce sera surtout l’âge des portraits. Et, parmi ces portraits, ceux des femmes illustres qu’a fait revivre la plume de M. Cousin sont des plus propres à captiver les regards. Au xviie siècle, assurément, n’ont manqué ni les travers ni les fautes ; mais on ne saurait nier qu’il ne s’y soit mêlé, chez les femmes comme chez les hommes, un caractère de véritable grandeur. C’est là ce qui donne un prix tout particulier ftuk biographies dont s’occupe depuis plusieurs années l’éminent écrivain, spécialement à celle de la duchesse de Chevreuse, qu’il vient de faire paraître.
Je n’oserai dire que, dans cette nouvelle étude sur les mœurs et la société de notre plus belle époque, M. Cousin ait eu toujours au même degré la vivacité et l’éclat de coloris qui distinguent le peintre de Mme de Longueville. Comment trouver deux fois à retracer une si attrayante physionomie ? Ainsi, dans la sincérité de la première passion, réside un charme qui ensuite ne se rencontre plus. Certes, Mme de Chevreuse, malgré son prestige, ne saurait provoquer tout l’intérêt qui s’attache à la destinée touchante de la sœur du grand Condé.
Cependant, que de grâce encore dans cette aventureuse héroïne, qui fit tête à deux de nos plus puissants ministres ; et que cette grâce reflète bien celle de l’époque où les Sévigné, les La Fayette conversaient avec les Retz, avec les La Rochefoucauld ! Temps unique dans notre histoire pour les jouissances de l’esprit et du monde, où il est aisé de concevoir que M. Cousin se plaise à séjourner par la pensée, où comme tant d’autres il eût voulu vivre ! Qu’on ne s’y trompe pas d’ailleurs : ici, et dans les précédentes études du même auteur, ces frivoles dehors recouvrent les plus graves sujets. Détournez les yeux de ces séduisants visages :
