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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/357

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CRITIQUE.

exhumés par M. Cousin pour la connaissance approfondie de nos annales, papiers d’État, dépêches officielles, actes judiciaires, surtout dans les carnets où Mazarin déposait ses pensées et fixait ses souvenirs. Ces carnets, en fournissant les plus piquantes révélations à M. Cousin, lui ont permis d’éclairer d’un nouveau jour le caractère, le génie et la politique du cardinal. De là une histoire puisée aux sources, tout autrement véridique et sûre que celle qui s’appuie sur les conjectures les plus ingénieuses.

Félicitons M. Cousin d’avoir à cet égard donné un excellent exemple, loin de lui reprocher, comme quelques-uns, de s’être éloigné de son ancienne carrière. Qu’a-t-il fait effectivement par ces travaux piquants et délicats, sinon de nous apprendre à chercher les causes des événements dans le cœur des hommes, leurs sentiments et leurs idées, leurs vertus et leurs vices ? Et quelle étude plus philosophique en réalité que de faire voir, dans des biographies si consciencieusement élaborées, « les passions des individus composer leur destinée, et, sous les scènes extérieures auxquelles s’arrête ordinairement l’histoire, les scènes secrètes et mystérieuses de l’âme, dont les premières ne sont que la manifestation à la fois brillante et obscure ? » N’est-ce pas là, pour faire parler encore l’auteur, qu’on ne peut mieux louer qu’en le citant, n’est-ce pas là continuer avec autant de solidité que d’agrément « l’étude de l’humanité, qui pour nous est la grande et suprême étude, le fond immortel de toute saine philosophie ? »


Léon Feugère.