nous les voyons soumises. Dites aussi à vos jeunes marquis de ne plus se laisser retenir par les dames, lorsqu’il est urgent qu’ils se battent. Quant à vos Don César de contrebande, je crains fort qu’ils ne suffisent jamais à égayer des comédies qui abusent de la tristesse. Nos jeunes littérateurs, — Henry Murger, Gustave Flaubert et Alexandre Dumas fils — sans clameurs, sans plaidoiries, fouillent âprement la réalité afin de présenter au public des œuvres neuves et hardies. Quelquefois ils échouent ; mais il leur reste du moins l’honneur des grandes entreprises. Leurs yeux ne s’équarquillent point dans les ténèbres du côté des cimetières et des prisons, ils embrassent la foule animée qiûxs’agite librement en plein soleil.
Certes ! je n’ai pas l’habitude de chicaner un auteur sur le choix de son sujet : liberté pleine et entière ; mais s’il n’a rien créé, s’il fait danser dans le vide des simulacres de personnages et des ombres de caractères, n’ai-je pas le droit de lui dire : Qu’as-tu fait de ton idée ? — Et ce bon public, dont l’esprit accommodant digère sans profit tout ce qu’on lui sert, ne devrait-il pas enfin, à propos de certains auteurs, faire la réflexion de l’Auvergnat dont un vieux soulier a envahi la marmite : Ce n’est pas que ça soit mauvais ; mais ça prend de la place !
Le théâtre de l’Odéon vient de représenter une comédie charmante intitulée : Le Perroquet gris, M. Adrien Lelioux, l’auteur, a le vers facile, spirituel, rempli d’images et d’idées ; aussi, après avoir rendu justice à la belle langue qu’il parle, je suis bien désolé de ne pouvoir adresser des éloges à l’auteur dramatique. Mais comme je n’ai pas deux poids et deux mesures, me voilà contraint d’écrire que sa pièce ne commence en réalité qu’aux derniers mots du premier acte, à ce fameux coup de pistolet qui met bas l’oiseau exotique empaillé.
On dit que le Perroquet gris a été primitivement en cinq actes, des conseils ont dû en enlever trois ; un ami véritable et compétent n’en eût laissé qu’un ; il eût par exemple impitoyablement biffé l’amoureuse épisodique, et nous n’aurions eu affaire qu’au futur en pied, à la veuve, aux journalistes et au poëte. Toutes les autres figures sont inutiles.
Mademoiselle Bérangère a été vive, alerte et naturelle.
