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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/373

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CHRONIQUE.

humides comme la rosée du matin ; leur taille plie comme les saules, et quand sonne minuit, elles ont déjà versé dans plus d’un cœur l’ivresse de l’amour ! Mais, à quoi bon ces rêveries ? J’avais, dans un courrier d’octobre, à parler des vendanges, des plaisirs de la chasse, de la vie que mènent au château les grandes dames, dont les calèches ne rentrent au noble faubourg qu’à la Noël. Je me suis laissé entraîner ; je ne m’en plains pas. Peut être le lecteur s’en plaint-il. Et pourquoi donc ? Tout le monde a été aussi bête que moi devant une femme. On aime à retrouver ses ridicules, à revenir aux jours de son enfance. Da reste, tout est dit. Hop ! mon cheval, et à Paris !

Les courses ont commencé le 8. Il m’est arrivé des reproches pour n’avoir pas daigné en dire un mot. J’ai eu peut-être tort, et je répare aujourd’hui l’oubli. On a déjà lu, dans les journaux, le compte rendu des trois journées ; je suis sûr pourtant qu’on n’a pas retenu le nom des chevaux, qu’on ne dirait pas, comme pour le concours Véron, qui a remporté le prix, et l’on se prive ainsi d’une distraction heureure et d’un plaisir facile. Les grands noms sont peut-être connus, et encore sait-on plutôt le nom des hommes que ceux des bêtes, — une affaire de politesse. Qui ne se rappelle de nous M. Auguste Lupin, et madame Latache de Fay ? Madame Latache de Fay, comme elle a fait courir ! Et M. Aumont ! Mais il a vendu, et c’est M. le comte de Lagrange qui a acheté ses écuries et ses chevaux. Je ferai, un autre jour, l’histoire de quelques hommes et de quelques bêtes célèbres sur le turf. En attendant, voici, dans sa précision, le compte rendu des courses du mois.

On sait qu’une décision ministérielle de cette année a chargé des courses du gouvernement et de la ville de Paris la Société d’encouragement, à qui l’on doit surtout le développement des courses en France, et les progrès qu’ont faits nos races chevalines.

À deux heures précises, on a donné le signal de la première course (prix principal de 5,000 fr., 3e classe), pour chevaux de trois ans et au-dessus, n’ayant jamais gagné de 1er ni de 2e prix.

Sept chevaux engagés : Potoski, à M. Lupin ; Duchess, à M. le prince Marc de Beauvau ; Diamant, au comte de Morny ; Trouvère, au comte F. de Lagrange, etc. Ces quatre chevaux seuls ont couru. Potoski était le favori de cette course ; il est cependant arrivé le second, battu d’une demi-longueur par Duchess. Diamant est arrivé le troisième.

Deuxième course (prix de la Prairie, 1,500 fr., offerts par l’administration des Haras), pour chevaux de trois ans. Entrée : 30 francs, le gagnant pouvant être réclamé pour 3,000 fr. ; distance : 3,000 mètres. Trois chevaux engagés : Bletia, à M. Fasquel ; Crinoline, à M. le comte de Rœderer ; Garenne, à M. le comte de Cars. Bletia, pour qui on pariait surtout, a été battue par Crinoline, qui n’a pas été réclamée.