Aller au contenu

Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
457
LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE.

Dans la suite, on réunit deux tuyaux par une seule embouchure. Chacun de ces tuyaux, dont on devait jouer d’une main, avait encore quatre trous. Au rapport de Varron, la main gauche accompagnait, tandis que la droite jouait le sujet. Donat dit au contraire que la flûte droite avait peu de trous et rendait un son grave, et que la gauche, ayant des trous en plus grand nombre, rendait un son aigre ; ainsi, selon lui, c’était la droite qui accompagnait la gauche.

À Rome, les joueurs de flûte étaient seuls employés dans la pompe des sacrifices, dans les funérailles et dans les festins. Ils formaient un corps fort nombreux, et avaient, pour la plupart, ce privilège d’être nourris dans le temple de Jupiter Capitolin. Les censeurs ayant un jour voulu les priver de cet avantage, ils prirent une résolution collective et se retirèrent à Tibur. Le sénat, instruit de leur départ et inquiet de voir les sacrifices abandonnés et sans musiciens, députa des messagers vers les Tiburtins, pour qu’on renvoyât à Rome ses joueurs de flûte.

Ceux-ci ne se laissèrent fléchir ni par les menaces ni par les prières. Ce que voyant, les Tiburtins invoquèrent la ruse. Ils donnèrent une fête dans laquelle, sous prétexte de réjouissances et de plaisirs, ils invitèrent les musiciens romains à jouer de leurs instruments ; et les ayant fait tant boire que tous dormaient dans l’ivresse, ils les chargèrent sur des chariots et les conduisirent jusqu’au milieu de la place de Rome, sans qu’aucun des joueurs de flûte se fût aperçu de l’enlèvement.

Dès que le jour parut, la populace accourut de toutes parts pour jouir d’un spectacle si nouveau. On obtint alors des musiciens qu’ils reprendraient leurs fonctions. Puis on établit en leur honneur une fête dans laquelle ils avaient le droit, pendant trois jours, de courir les rues, masqués, folâtrant et jouant de leurs instruments. On rendit aussi à ceux qui jouaient dans les sacrifices le privilège de prendre leurs repas au temple de Jupiter. C’est ce que Tite-Live raconte en son livre neuvième.

Le Trigone ou Trigonon n’est autre chose que la harpe à son origine. Cet instrument a toujours tenu une place distinguée dans la musique de tous les temps. Les anciens touchaient le trigone de deux côtés et avec les doigts, comme on le fait pour la harpe encore aujourd’hui.

Encore aujourd’hui on ne sait rien de précis sur l’origine et l’in-