Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/136

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— Fils, j’ai encore sous ma gonelle telle chose qui te réjouira : ce haubert solide et léger, qui pourra te servir.

— Donne, beau maître. Par ce Dieu en qui je crois, je vais maintenant délivrer mon amie.

— Non, ne te hâte point, dit Gorvenal. Dieu sans doute te réserve quelque plus sûre vengeance. Songe qu’il est hors de ton pouvoir d’approcher du bûcher ; les bourgeois l’entourent et craignent le roi : tel voudrait bien ta délivrance, qui, le premier, te frappera. Fils, on dit bien : Folie n’est pas prouesse… Attends… »


Or, quand Tristan s’était précipité de la falaise, un pauvre homme de la gent menue l’avait vu se relever et fuir. Il avait couru vers Tintagel et s’était glissé jusqu’en la chambre d’Iseut :

« Reine, ne pleurez plus. Votre ami s’est échappé !

— Dieu, dit-elle, en soit remercié ! Maintenant, qu’ils me lient ou me délient, qu’ils