Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/137

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m’épargnent ou qu’ils me tuent, je n’en ai plus souci ! »

Or, les félons avaient si cruellement serré les cordes de ses poignets que le sang jaillissait. Mais souriante, elle dit :

« Si je pleurais pour cette souffrance, alors qu’en sa bonté Dieu vient d’arracher mon ami à ces félons, certes, je ne vaudrais guère ! »

Quand la nouvelle parvint au roi que Tristan s’était échappé par la verrière, il blêmit de courroux et commanda à ses hommes de lui amener Iseut.

On l’entraîne ; hors de la salle, sur le seuil, elle apparaît ; elle tend ses mains délicates, d’où le sang coule. Une clameur monte par la rue : « Ô Dieu, pitié pour elle ! Reine franche, reine honorée, quel deuil ont jeté sur cette terre ceux qui vous ont livrée ! Malédiction sur eux ! »

La reine est traînée jusqu’au bûcher d’épines, qui flambe. Alors, Dinas, seigneur de Lidan, se laissa choir aux pieds du roi :

« Sire, écoute-moi ; je t’ai servi longue-