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Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/260

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tenter une ruse… Je me déguiserai comme un fou, et cette folie sera grande sagesse. Tel me tiendra pour assoti qui sera moins sage que moi, tel me croira fou qui aura plus fou dans sa maison. »

Un pêcheur s’en venait, vêtu d’une gonelle de bure velue, à grand chaperon. Tristan le voit, lui fait un signe, le prend à l’écart :

« Ami, veux-tu troquer tes draps contre les miens ? Donne-moi ta cotte, qui me plaît fort. »

Le pêcheur regarda les vêtements de Tristan, les trouva meilleurs que les siens, les prit aussitôt et s’en alla bien vite, heureux de l’échange.

Alors Tristan tondit sa belle chevelure blonde, au ras de la tête, en y dessinant une croix. Il enduisit sa face d’une liqueur faite d’une herbe magique apportée de son pays, et aussitôt sa couleur et l’aspect de son visage muèrent si étrangement que nul homme au monde n’aurait pu le reconnaître. Il arracha d’une haie une pousse de