châtaignier, s’en fit une massue, et la pendit à son cou ; les pieds nus, il marcha droit vers le château.
Le portier crut qu’assurément il était fou, et lui dit :
« Approchez ; où donc êtes-vous resté si longtemps ? »
Tristan contrefit sa voix et répondit :
« Aux noces de l’abbé du Mont, qui est de mes amis. Il a épousé une abbesse, une grosse dame voilée. De Besançon jusqu’au Mont, tous les prêtres, abbés, moines et clercs ordonnés ont été mandés à ces épousailles : et tous sur la lande, portant bâtons et crosses, sautent, jouent et dansent à l’ombre des grands arbres. Mais je les ai quittés pour venir ici : car je dois aujourd’hui servir à la table du roi. »
Le portier lui dit :
« Entrez donc, seigneur, fils d’Urgan le Velu ; vous êtes grand et velu comme lui, et vous ressemblez assez à votre père. »
Quand il entra dans le bourg, jouant de sa massue, valets et écuyers s’amassèrent