Page:Le Roman de Violette, 1870.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 109 —


voilà que vous parlez de sensations que vous avez éprouvées, voilà qu’au premier mot le voile que j’avais jeté sur mes souvenirs se soulève, voilà que je vous vois couchée sur votre chaise longue, voilà que je roule entre mes lèvres le frais bouton de votre sein qui vient au-devant de ma langue en se raidissant, voilà que je ne lis plus votre lettre que d’une main, voilà que mes yeux se troublent. Ah ! sotte créature que je suis ! voilà que je ne sais plus que murmurer votre nom et répéter en me pâmant, moi aussi : Violette, fleur d’ingratitude et de douleur telle que tu es je te désire… je te veux… je… je t’aime…

Mais non, ce n’est pas vrai, je vous déteste, je ne veux pas vous revoir, je ne vous reverrai pas et je maudis ma main dont je n’ai plus été la maîtresse, Je maudis le désir qui lui montre le chemin, je reprends la lettre échappée de mes doigts au moment où ils se sont cramponnés à l’oreiller de mon sofa. Je lis cette ligne où tu me parles de l’impression de