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précisément une jolie femme. C’était une figure d’expression ; cette femme qui n’avait jamais ressenti l’amour qu’en imagination, excellait à peindre les violences poussées jusqu’au délire. C’était un de ces rares talents dans le genre de Dorval et de Malibran.

Elle prit son bain, déjeuna d’une tasse de chocolat, repassa son rôle, lut dix fois la lettre de la comtesse, se monta la tête, dîna d’un consommé, de deux truffes cuites à la serviette et de quatre écrevisses bordelaises.

Puis alla au théâtre, toute frissonnante. Le beau jeune homme, ou plutôt, la comtesse était dans son avant-scène, il avait sur la chaise près de la sienne, un gros bouquet.

Au quatrième acte, au milieu d’une scène très pathétique, la comtesse lui jeta le bouquet.

Odette le ramassa, y chercha le billet et sans prendre la peine de remonter à sa loge, le lut.