Partout es cuers fauvain et ghille
A mis Renart, en mainte ville,
Peu i a de vraie paterne.
Renart vessie pour lanterne
Fait à entendre à tous les siens
Qui il lace de ses loiiens :
Et nous aussi ne nous faignons,
Mais tout le pis que nous poons
Faisons au monde. Li clergiés
Est tous d’avarisse takiés
Et de se fille couvoitise
Ki en lor cuers sen fu atise.
Li prince, et li conte et li roi
Sont prièsque tout de nostre loi.
Par les grans avons les petis,
Ensi est li mondes honnis ;
Tous est li mondes enmondés,
Ne savons nus i soit mondés.
Par nous est enmondés li mondes,
Car de mil n’en i est uns mondes ;
Nous en savons peu par le mont
Ki se desmonde et ki se mont.
S’uns se desmonde, mil s’enmondent
En cest monde, et quant il se mondent,
Tost resont par nous enmondé
Si que puis ne sont remondé ;
Et s’il avient k’il se desmondent,
Errant faisons k’il se remondent :
Page:Le Roman du Renart, 1826, tome 4.djvu/184
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