Page:Le Roman du Renart, supplément, 1835.djvu/45

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Lors s’aresta enmi un pré :
Le solel vit bas avespré ;[1]
Iluec atendra le setain.
Très desous un mule de fain
160Se va dormir et reposer :
Après mengier fait mal aler,
Ce nous font acroire li mire ;
Maintes fois l’avés oï dire.
Sor le mullon s’est endormis,
Mais par tens sera estormis :
L’ewe iert desrivée et créue,
Onques si grans ne fu véue
Com elle fu en cel’ saison ;
Desrivée iert outre raison.
170Toute iert couverte la contrée
De l’ewe, qui ert grant et lée ;
Jusqu’à mulon iert jà venue,
Couverte en iert l’erbe menue,
Et li flos si venoit montant.
Que vous iroie-jou contant ?
Tout contreval o la crétine
S’en va li mulons de ravine
U Renars s’ert alés dormir.
De poür comence à fremir,
180Et puis après s’est esvilliés ;
Estrangement s’est mervilliés

  1. La copie de Méon ne porte ni ce vers ni le précédent.