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C’est la loi d’évolution du Capital : elle ne peut prendre fin, sauf quelques atténuations passagères, qu’au branle-bas suprême.

À la table égalitaire, tout le monde a droit de s’asseoir.

Si les affamés qui pullulent dans la capitale et que MM. de la Rousse cueillent chaque nuit sur les bancs du boulevard, si ceux à qui l’on refuse un lit d’hôtel ou d’hôpital et qui se jettent dans celui de la Seine, si tous ces désespérés, avant de descendre dans la tombe, descendaient un bourgeois ou un mouchard[1], pense-t-on que cette propagande par le fait n’aurait pas quelque influence sur la solution du problème de la misère ?

Les bons bourgeois, craignant pour leur peau, procureraient bien vite, sinon du travail — travail dont on n’a que faire lorsque tout est en abondance — mais le vivre et le couvert aux exaspérés.

— Et les paresseux, nous répètent les susdits ravaillomanes, qu’en ferez-vous ?

— Et le rentier, braves naïfs, dont vous reproduisez inconsciemment la fameuse blague, que f…t-il du 1er  janvier à la Saint-Sylvestre ?

N’est-ce pas un comble que ce soit précisément ceux qui ne travaillent jamais qui nous reprochent de vouloir travailler moins ?

Au surplus, quelle différence entre ne rien faire et produire sans utilité ?

Oyez encore sur cette question, vous tous qui aimez le travail… pour les autres, ces lignes d’un citoyen ayant la réputation, parmi les socialistes instruits, de posséder quelque logique :

Comme le choléra — qu’elle va traîner à sa suite, lui servant de véhicule ou de fourrier — la véritable famine que

  1. Camille Desmoulins disait dans sa brochure la France libre, une de celles qui contribuèrent le plus, en 80, à déterminer le mouvement révolutionnaire :

    « Qu’on extermine surtout cette robe grise, cette police, l’inquisition de la France, le vil instrument de notre servitude, ces milliers de délateurs, ces inspecteurs, la lie du crime et le rebut des fripons même. »

    Cette œuvre mémorable, dont on croirait les pages ardentes écrites de nos jours, fut éditée par Mompro, qui s’intitulait « premier imprimeur de la Liberté ». Celui-ci, qui l’avait communiquée à la police, refusait de la mettre en vente et de s’en dessaisir. Camille ne put ravoir les exemplaires de son ouvrage, ensevelis dans le fond de la boutique de ce grand patriote, qu’en le menaçant de la lanterne.