Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/127

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que se donna l'adolescent) , mit tant d’instance dans ses sollicitations, que le vieux marin , à qui d’ailleurs il manquait actuellement un garçon de cabine , sacrifia, comme on le fait trop souvent, ses scrupules à son intérêt, et sans questionner le jeune homme sur le droit qu’il pouvait avoir de disposer de lui-même , il lui fit signer l'engagement de le servir deux ans.

On remarqua sur le visage du nouveau venu, pendant la première journée, une vive inquiétude. Son œil se portait sans cesse sur le rivage, tant que le bâtiment descendit la Tamise, comme s’il eût attendu quelque signal auquel sa vie aurait été attachée ; et, lorsqu’on eut passé Gravesend, le dernier point d’embarcation, il fondit en larmes et se tordit les mains. Le capitaine attribuait ses pleurs aux remords ; les matelots au regret de quitter la terre natale ; et tous lui offrirent leurs rudes consolations. Calmé par leurs efforts bienveillants, par ses propres réflexions, ou peut-être par la seule influence de la jeunesse qui repousse naturellement les idées accablantes, William devint par degrés plus tranquille, quelquefois même il montrait de la gaieté. Il avait su se concilier la faveur du capitaine, vieux ma-