Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/128

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rin opiniâtre et absolu, qui n’aimait que trois choses en ce monde, le vin, les chansons, et le commandement.

Tout ce que nous lisons dans la fable, sur le pouvoir de la musique, était presque surpassé par les effets de la voix mélodieuse du jeune marin sur le cœur de roche du capitaine, que quarante ans de pouvoir absolu avaient rendu aussi despote qu’un pacha. Quand le vieux commandant couvrait le temps, suivant l’expression des matelots, et qu’ils sentaient la bourrasque de sa mauvaise humeur prête à éclater, Will, avec une chanson, pouvait le ramener au calme. Will devint donc un être précieux pour l’équipage. Ses compagnons disaient que c'était un garçon trop délicatement fabriqué pour la mer ; ils riaient de ses petits doigts, plus propres à manier de légers fils de soie, que de lourds cordages, et souhaitaient que Jupiter n'oubliât point d'envoyer à la première occasion un peu de barbe sur ses joues arrondies et rosées. William prenait leurs plaisanteries en bonne part et les rendait dans une juste mesure ; mais lorsqu’elles touchaient à l’indécence, une rougeur subite, une larme qui tombait de son œil baissé, exprimaient un senti-