Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/140

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qui rampent lâchement devant la force majeure, et ne peuvent voir sans dépit les succès de ceux qu’ils croient leurs égaux, ne lui pardonnait pas la supériorité accidentelle qu’il avait obtenue au moment du danger. Il cherchait constamment à le trouver en faute et à lui nuire dans l’esprit du commandant. La découverte du secret de Stuart par ce vil personnage, eut été un malheur sans remède. Peut-être la crainte de ce malheur donna-t-elle à la conduite du jeune marin quelque chose d’inquiet, de gêné, qui attira l’attention de son ennemi ; quoi qu’il en soit, ce dernier observait sans cesse Frank d’un œil soupçonneux et malveillant, et celui-ci, lorsqu’il s’en apercevait, fronçait le sourcil, mordait ses lèvres de manière à trahir la colère qu’il tâchait en vain de comprimer. Il avait été obligé de se confier à chacun des matelots, l’un après l’autre par divers accidens inévitables ; mais il avait obtenu de tous la promesse d’un silence inviolable, tant l’ascendant que son caractère décidé exerçait sur eux était puissant.

Cependant il ne permit à aucun de ses camarades de voir Perdita ni de lui adresser un seul mot ; mais dans la profonde obscurité de la nuit,