Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/148

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« Comment me le prouverez-vous ? » demanda Stuart d une voix qu’il s’efforçait de contenir et qui ressemblait au grognement d’un dogue prêt à s’élancer sur sa victime.

« Je vous le prouverai, mon garçon , en contant l'histoire de votre marchandise de contrebande au commandant. Voilà une jolie affaire conduite à la barbe de vos chefs ; cela équivaut à une rébellion ; car je parie que tout l’équipage est ligué avec vous. »

Stuart se rendit maître de sa colère, et descendit même jusqu'à justifier sa conduite. Il représenta au contre-maître qu’il ne gagnerait rien en divulguant son secret. Il peignit dans les termes les plus éloquens l’oppression, les souffrances qu’avait déjà endurées la pauvre fille ; il dit combien il serait cruel de la frustrer de ses espérances au moment où elles allaient se réaliser, puisqu'ils devaient arriver sous vingt-quatre heures à Cowes. 11 s’adressa à l’humanité, à la générosité, à la pitié de l’homme qui tenait sa destinée entre ses mains ; il ne le trouva accessible sur aucun point. Le sot orgueil d’avoir découvert un secret important, le plaisir d’humilier celui dont il enviait le mérite, l'emportèrent sur tous