Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/149

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les bons sentimens du oontre-maître ; il se détourna en disant avec une joie insultante : «Je vais à l'instant faire mon devoir. »

« Arrêtez, » cria Frank en saisissant son bras avec une force qui menaçait de le briser. « Ecoutez-moi ! je jure par le dieu qui nous a créés, que si vous osez par un mot, un geste, un regard divulguer ce que vous venez de découvrir, vous n'embarrasserez pas la terre un jour de plus ! un jour, que dis-je, pas une heure, pas un instant ! Je vous eu verrai au diable aussi vite qu'une balle atteint son but. Voyez » continua-t-il en ouvrant le rideau qu’il avait précédemment tiré sur Perdita. « Quelle malice infernale faudrait-il avoir pour nuire à cette innocente créature , sans appui, sans défense ! maintenant regardez-moi, au nom de Dieu, regardez-moi ! » reprit-il d’une voix qui dominait la tempête. « Vous verrez que je parle sérieusement, et que je vous tiendrai parole. » Le contre-maître n’avait nul besoin de s'en assurrer ; il tremblait de tous ses membres. Les passions qui enflammaient les regards de Frank et dilataient ses traits, firent sur le misérable l’effet d’un coup de foudre. Attéré, confondu, il cherchait à échapper à la main de fer