Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/150

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qui le retenait , et n'osait lever les yeux. Sa terreur abjecte changea la colère de son adversaire en mépris ; il le poussa jusqu'en dehors de la porte, et revint rassurer Perdita, en lui disant qu’elle n'avait rien à craindre de cet infâme poltron.

L’emportement de Stuart l'avait bien plus effrayée que les menaces du contre-maître. Elle avait toujours vu son protecteur tranquille comme un ruisseau qui suit doucement sa course. Il venait de lui apparaître semblable à un torrent furieux, qu’aucune force humaine ne pouvait subjuguer. Des malheurs plus grands encore que ceux qu’elle avait soufferts, s’offraient à son imagination troublée. Le contre-maître, revenu de sa première terreur, pouvait communiquer sa découverte au commandant. Si le cas arrivait, la promesse solennelle de Frank, sa résolution inébranlable lui faisait redouter que son zèle généreux pour une infortunée ne le conduisît au crime. Celle horrible pensée la poursuivait. Quand tout fut calme dans le vaisseau, l'anxiété de la jeune fille augmenta. Chaque coup de vent semblait lui reprocher le péril dans lequel son défenseur se trouvait par sa faute. Torturée par