Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/419

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à la ville, pour en sortir un peu au-delà du faubourg Saint-Antoine. Guidés par la lune qui brillait pure et sans nuages, ils descendirent la montagne en choisissant toujours les chemins les plus couverts, et traversèrent ensuite les bois et les prairies qui séparent le mont Royal du fleuve. Là, ils déposèrent la litière, sur laquelle Maraka se pencha avec anxiété pour voir si sa chère enfant respirait encore, ou si elle avait suivi son amant dans le monde des esprits. Les longs cheveux noirs d’Aimée tombaient comme un voile sur son cou et ses épaules d’ivoire, et quand la bonne nourrice les écarta doucement du beau visage qu’ils cachaient à moitié, le froid glacial du front et des joues la fit tressaillir. Arrachant à la hâte une poignée de duvet de chardons, elle s’assura, en la plaçant contre les lèvres de la malheureuse jeune fille, qu’elle n’avait pas cessé de vivre ; car sa faible respiration détacha les graines emplumées, et Maraka les vit flotter dans l’air comme des atomes à travers les rayons de la lune. La bonne femme reprit un peu de courage, croisa le manteau de son élève sur son sein, et porta des regards inquiets sur l’espace qu’ils venaient de franchir. Aucun bruit, aucun mou-