Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/432

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sa nourrice, et, ne la voyant point, imagina qu’elle cherchait des cailloux ou des coquillages sur la grève, et se levait pour aller à sa rencontre j mais ses pas furent arrêtés à l’aspect d’un canot qui voguait sur les rapides avec une vitesse que la nacelle de Maraka pouvait seule déployer. Bientôt elle reconnut que c’était en effet leur petite barque dirigée par la main habile de la bonne Indienne. Mais d’où venait-elle et qui amenait-elle ? car on pouvait distinguer une figure assise à ses côtés, et la jeune fille savait que Maraka n’aurait pas aidé un inconnu à pénétrer dans leur asile. Mille pensées confuses et agitantes se présentaient à l’esprit d’Aimée à mesure qu’elle voyait avancer le canot ; l’on aurait pu entendre les battemens de son cœur, et toute tremblante elle fut obligée de s’appuyer contre un arbre. Enfin la barque touche le rivage, l’étranger saute à terre, fait quelques pas en courant vers elle, puis s’arrête, presse son front de ses mains, reprend sa course les bras étendus, et Aimée tombe évanouie sur le sein de Bougainville.

Dans leur retraite isolée, Aimée et sa nourrice avaient ignoré les événemens qui s’étaient passés