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Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/26

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XVIII
le songe de poliphile

c’est Pierre Lombard ; ce sont Saint Thomas d’Aquin, Saint Bonaventure, Didier, Roland de Crémone, Jean de Parme, Gilles Colonna, Agostino Triumfo, Arnaud de Brescia, Brunetto Latini, Dante, Cino da Pistoja, Pétrarque, Boccace et tant d’autres. Ils viennent se former à l’art d’argumentation, au grand art d’alors, ainsi qu’en témoigne le Metalogicus que Jean de Salisbury écrivit contre les Cornéficiens. Mais ils passent dans l’Université de Paris comme dans une grande école de dialectique et ne demeurent pas enfermés, pour la plupart, dans le cercle resserré de l’esprit scolastique. Ceux qui se livrèrent à ses joutes y apportèrent une allure plus libre, et ne réussirent pas à l’implanter en Italie, où le retour à la culture antique s’accusa toujours avec énergie, où la pensée se maintint plus maîtresse d’elle-même et plus mûre que partout ailleurs, où la philosophie pure, disons-le, ne prit point profondément racine. En revanche, on y voit, jusque dans les chroniques monacales, le niveau de la culture s’élever des simples préoccupations du cloître aux développements humains, aux idées générales. Landolfo, dans son Histoire des Évêques de Milan, fait preuve de véritables idées historiques, et Raoul le Milanais conte le triomphe de Legnano avec les qualités d’un historien impartial.

L’Italie a déjà une critique historique, alors que le Nord en est aux chimères des chroniqueurs. Elle