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Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/264

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Moly[1] dédiée à Mercure, afin de me faire un remède avec sa racine noire. Puis elle se disait que ce serait reculer misérablement une mort désirable. En proie à cette agitation pernicieuse, mes forces diminuant toujours, je n’avais de chance de salut qu’en aspirant fréquemment les brises rafraîchies et les exhalant, réchauffées dans ma poitrine où palpitait encore un reste de vie,

par ma gorge desséchée. À demi mort, ma seule ressource pour me désaltérer consistait à ramasser les feuilles humides de rosée entassées sous le chêne touffu, à les porter à mes lèvres pâles et irritées, en les suçant et les léchant avec une avidité gloutonne. C’est alors que je souhaitai qu’Hypsiphile[2] me montrât quelque

  1. Moly, Μῶλυ. Plante magique dont parle Homère. (Odyssée, 10.302 ; Ovide, Métamorph., 14.5.)
  2. Hypsiphile, fille de Toas, roi de Lemnos.