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Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/277

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étaient des balustres en métal, façonnés en forme de fuseaux, disposés en cercle et proprement scellés. De l’axe de l’un à celui de l’autre on mesurait un pied d’écartement ; la hauteur de chacun était d’un demi-pas. Ils étaient reliés entre eux, au sommet, par une main d’appui de même substance qui courait dessus en forme ondulée. Cette balustrade enfermait l’ouverture de la vis, excepté du côté par où l’on sortait sur le terre-plein, afin qu’on n’allât pas, ainsi que je le présume, se précipiter dans ce puits profond, car une telle hauteur donnait le vertige. Au-dessous du plan inférieur de l’obélisque était scellée au plomb, tout à plat, une tablette d’airain portant une inscription en caractères Latins, Grecs et Arabes, par laquelle je compris que le monument avait été dédié au divin Soleil. On y voyait notée la description de sa structure et de ses mesures intégrales. Le nom de l’architecte était ainsi marqué sur l’obélisque, en lettres Grecques :

ΛΙΧΑΣ Ο ΛΙΒΙΚΟΣ ΛΙΘΟΔΟΜΟΣ
ΩΡΘΟΣΕΝΜΕ
LICHAS LIBYCVS ARCHITECTVS
EREXIT ME[1]

Revenant à la face antérieure de la plinthe sur laquelle était fondée la pyramide, j’y remarquai une élégante et magnifique sculpture d’une Gigantomachie cruelle où ne manquait que la vie. Elle était admirablement travaillée et figurée avec tous les mouvements et l’agitation des corps énormes. C’était une imitation de la nature si parfaitement rendue, que les regards ainsi

  1. Lichas le Lybien m’a érigé.