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cachets, de boutons, de petits sujets et de symboles, était fermement fondé l’obélisque en pierre Lacédémonienne verdâtre[1]. La hauteur des côtés était égale à la longueur de la base — soit un pied — multipliée sept fois. L’obélisque allait en s’effilant jusqu’au sommet qui se terminait en pointe. Là était fixée une boule très-ronde d’une substance transparente et polie. La grande bête sauvage, d’une si noble exécution, posait parfaitement équilibrée sur le plan bien nivelé d’un large soubassement en porphyre le plus dur et du dessin le plus parfait. Deux longues dents, appliquées et appareillées, en pierre blanche et luisante, venaient en avant, et, de la housse d’airain, pendait, attaché par des boucles, un pectoral de bronze couvert d’ornements variés, au milieu duquel on lisait en idiome Latin : CEREBRVM EST IN CAPITE[2]. Pareillement, autour de cette partie du cou qui avoisine la tête, courait un lien fait de main de maître d’où pendait, sur le large front, un ornement extraordinaire, sorte de tenture d’airain tout à fait remarquable, de la forme d’un carré double, et, sur le champ duquel, bordé d’un feuillage ondulé, je vis des lettres Ioniques et Arabes qui disaient : ΠΟΝΟΣ ΚΑΙ ΕΥΦΥΙΑ[3].

Pour l’heure, le proboscide[4] vorace ne pendait pas au-dessus du plan du soubassement, mais il était relevé

  1. Laconicum, le marbre de Laconie ; le plus beau vert antique, se trouvait à fleur de terre, vers les sources de l’Eurotas.

    Et quod virenti fonte lavit Eurotas.

    (Martial.)

                      Post cauta Laconum
    Marmoris herbosi radians interviret ordo.

    (Sidonius Apollinaris, in Paneg. Majoriani.)
  2. Le cerveau est dans la tête.
  3. Labeur et industrie.
  4. La trompe.