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Une nymphe fort élégante vint au-devant
de Poliphile laissé seul en cet endroit, abandonné par les demoiselles lascives. Poliphile décrit amoureusement sa beauté et ses atours.



xcessivement frappé, atteint jusqu’au

fond de mon faible cœur par les piqûres d’Amour, je ne sais si j’avais le délire, mais je demeurai stupéfait de l’étrange façon dont la très-aimable compagnie avait disparu, s’était évanouie devant mes yeux. J’étais comme ravi à moi-même, et, demeuré seul, haussant quelque peu mes regards, j’aperçus devant moi, faite avec art et couverte de jasmins fleuris, une treille dont le berceau voûté se prolongeait tout décoré des jolies fleurettes sur lesquelles se mariaient trois couleurs. Je pénétrai sous cette treille, encore très-anxieux par le fait de cette disparition inattendue, pensant et repensant à la succession de mes diverses et surprenantes aventures passées, mais surtout à la haute et solide espérance, que je fondais fermement sur les promesses royales et sacrées, de retrouver ma Polia aux cheveux semblables à de l’or. Hélas ! ma Polia ! m’écriai-je, en soupirant ; et mes soupirs amoureux engendrés en mon coeur en-