Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/54

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s’imaginer que je sois capable de plier sous ses menaces. Au surplus, je ne sais rien. Ma réponse est une insulte.

— Tu es courageux !

Elle me regarde en riant puis, quittant le lit, va vers la fenêtre. Elle murmure cependant avec désinvolture :

— Quel idiot !

Je veux me montrer dégagé des contingences, et reprends :

— Pour une femme du beau monde, mademoiselle, vous n’êtes pas polie !

— Je suis au-dessus des préjugés de politesse, et de tous.

— Mais on a quelque savoir vivre avec un ennemi désarmé.

— Pas moi. Je vous brûlerais la figure, sans plus m’en soucier que d’une cigarette. Et je vais même vous montrer que vous avez tort de ne pas avouer tout de suite où est May.

Tant de fureur peut-elle habiter dans un si beau corps ? Car elle est fascinante, cette coquine-là. Et je l’admire, ficelé, humilié, insulté. Je l’admire toujours.