Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/248

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5û LE SYLPHE Proh pudor! nous allons chercher de la poésie jusque dans la femme, et... voilez-vous la face, Maman Prudhomme! — nous essayons même quelquefois de déshabiller nos maîtresses ! Oh! la race des Touvelin est bien perdue, allez; et l'éhontise seule habite maintenant cette terre. Lamentez-vous, mon bon Monsieur Prudhomme, car, contrai rement à ce qui arrive d'ordinaire, vous n'aurez pas raison cette fois. Il y aura encore et toujours, fort heureusement, des poètes pour chanter les mélodies chaudement rythmées de leur cœur insatiablement amoureux. Il y aura des « jeunes » qui, sans se soucier de votre indignation, s'amuseront à avoir vingt ans, pour le plaisir d'avoir vingt ans, et de les gaspiller gaîment dans le rose ensoleillé d'une vie aimante, idéalisée par l'art. Nous serons là encore, pendant longtemps, pour rire sonorement à la vue des pudibonderies effarouchées des sévères matrones, des vieilles mégères et des graves impuissants qui ne voudraient plus même entendre parler de l'amour, parce qu'ils ne peuvent le comprendre, et parcequ'ils en sont incapables. Nous rirons toujours, et nous aurons toujours le dessus, car nous aurons pour nous ceux qui vivent réellement et qui se sentent vivre, fiers de savoir en eux un peu de cette force vivifiante et hardie qui régit tout dans ce monde, et que donne la volonté convaincue. Prenez garde à vos filles, malheureux Monsieur Prudhomme, car nous sommes capables de les inviter un jour au banquet de noces de « Monsieur Illusion » avec « Mademoiselle Jeunesse ». — Mariage doré d'espérances d'où doit naître l'Amour, qui peuple et qui fait vivre ! Grenoble, 3 Juin 1887. C. NIEMAND. ^^W^W^W^W^W^W^W^W^Wi^Wi< LA FUREUR DE BEBE SOUVENIR DE NOËL —►$*,— A M. P.-H. Corgeron, Rédacteur en chef de 1' « Alouette ». J'ai gardé une douce souvenance de ces longues veillées de Noël et, dans une intime rêverie, j'aime à me les retracer... Pour celles- ci, le vent gémit et la neige tourbillonne en venant battre la charge contre les vitres; pour celles-là, plus clémentes et plus calmes,