Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LK SYLPHE SAGESSE DES FOUS SATIRE — Sauvons-nous, ô mes vers, on nous ridiculise: Ignarius se plaint que je le scandalise, Que je perds à vous faire un temps plus précieux, Que vous n'aurez jamais de valeur à ses yeux ; Qu'en plumes et papier je fais mainte dépense Qui ne rapporte rien, tout au contraire; il pense Que c'est une folie, une sottise, un mal D'assourdir les humains par un chant anormal ; Qu'à rimer il sied peu qu'un ouvrier s'amuse ; Qu'il n'appartient qu'aux grands de cultiver la muse ; Que si je continue, un beau jour j'aurai faim ; Que vous me rongerez... que... que... que sais-je, enfin ! Ce personnage-là m'énerve et me dégoûte. Allons! plions bagage, et, mes amis, en route... Sauvons-nous, sauvons-nous loin de ce chenapan, Et laissons-le bien haut jeter ses cris de paon. Mais qu'il nous soit permis, une fois hors la porte, D'émettre un sentiment et qu'Echo le lui porte : Et d'abord, ce monsieur nous semble un peu léger; Il ne nous sait pas lire et prétend nous juger! Il n'aime pas l'esprit? — Le sien n'est pas à craindre. Mais voici le motif qui le pousse à se plaindre : Parce qu'il ne sait rien, l'Ignorance est un don, Dont le ciel gratifie et l'homme et le dindon... Aisément on conçoit qu'il nous la préconise, Et qu'il fasse semblant d'aimer mieux sa bêtise. C'est son droit. Mais alors qu'il nous laisse la paix! Nous, nous planons sans bruit sur son nuage épais. Qu'il donne tout son temps, lui-même, aux soins terrestres