Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/85

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POESIES DES POETES DU DAUPI1INE ~ij Qu'importe qu'un despote insolemment vous crie De changer de nature ayant changé de lois ? En perdant le drapeau vous gardez la patrie Et sur un sol germain vous demeurez Gaulois. Ah! la France n'est pas de celles qu'on oublie! Ils s'étaient dit, prenant leurs compas superflus : « Les Vosges serviront de frontière! * O folie! Ils se sont retournés.... les Vosges n'étaient plus. La France! Mais qui donc, étant séparé d'elle Brusquement, ne l'appelle et n'espère en demain ? Après plus de cent ans le Canada fidèle Par-dessus l'Océan lui tend encor la main. C'est qu'elle a sur les cœurs un invisible empire, C'est que la liberté germe sur le sol Franc, Et c'est qu'elle n'a pas, tyrannique navire, Une Irlande à sa poupe, une Alsace à son flanc. C'est qu'ayant elle-même, hélas! ses jours d'ivresse, Elle hait cependant la froide iniquité ; C'est que naguère encore elle sauvait la Grèce, Arrêtant d'un seul mot le forfait projeté. Ah ! que d'autres trop fins lui jettent à la face, Comme des crimes fous, ses générosités : Je crois que ses malheurs, passagère disgrâce, Viennent de ses oublis, non de ses loyautés. Je ne suis pas de ceux qui voudraient, têtes creuses, Devant ses ennemis soudain la désarmer, Car plus elle a grand cœur plus nos mains valeureuses D'un cercle vigilant doivent l'environner. Mais sans doute elle peut rester chevaleresque Sans compromettre rien de la force qu'elle a,