Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/86

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LE SYLPHE Rester le fier soldat sans être soldatesque, Car Minerve après tout n'a pas peur d'Attila. Oui ! j'estime qu'étant le rayon et le glaive, Elle aura tôt ou tard son heure de vainqueur; Vous le croyez aussi, provinces qu'on enlève A sa frontière un jour, mais jamais à son cœur. En vain sur vos coteaux les petites fleurs blanches Du sang de nos soldats ont dix-sept fois germé, Depuis qu'un bras cruel, comme on coupe des branches, Vous ravit en barbare au chêne bien-aimé! Vous le pleurez toujours, le doux et noble chêne Où s'abritaient vos nids, car tout un long passé De bonheur et d'amour à jamais vous enchaîne A l'arbre paternel où vous avez poussé ; Car sentant sa grande âme au-dessous de l'écorce, Vous sûtes bien souvent des outrages du fer Le sauver, et pour rendre au mutilé sa force, La Lorraine avait Jeanne et l'Alsace Kléber. Et le héros d'Alsace, et l'ange de Lorraine Vous parlent de la France, et c'est pourquoi, le jour Où l'on vous demandait contre elle un cri de haine Vous avez su jeter pour elle un cri d'amour. Oh! pour Elle, merci!... Vienne l'heure voilée Que dérobe en son sein le vengeur Avenir, Vous verrez, sœurs d'exil à l'âme inviolée, Que la France saura de vous se souvenir ! Emile TROLLIET.