Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/94

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LE SYLPHE C'est là qu'à jamais dort l'enfant qui fut ravie Aux timides baisers des premières amours, Dès le riant matin de cette sombre vie, — Alors qu'elle jurait d'être à moi pour toujours! C'est là que j'aperçois ton néant, ô mon rêve ! C'est là que je maudis ton arrêt, ô destin ! C'est là que je gémis sans relâche et sans trêve : Grand Dieu, ce pur bonheur était-il clandestin ?... Non, non ! — mais à la Mort qu'importe qu'une fosse Emprisonne une fleur au parfum virginal ! . . . Que lui fait la douleur — qu'elle soit vraie ou fausse ! Farouche, elle accomplit son devoir infernal ! . . . Que bientôt, me frappant de ses sinistres ailes, Elle me couche au pied de l'humble et pauvre croix : S'il est un autre monde, à nos serments fidèles, Heureux, nous reprendrons les songes d'autrefois !... Alexandre MICHEL.