Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/98

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LE SYLPHE A MA CORRESPONDANTE SOUVENIR DE COLLÈGE —k$m— Vous souvenez-vous, dites-moi, Madame, De ce jour de Mai, si pur et si beau, Où le ciel limpide avait tant de flamme Qu'il eût réchauffé les morts du tombeau ? Nous étions assis sur le banc de pierre, Ce banc ombragé, tout au bout du parc; Sur son piédestal tapissé de lierre Amour devant nous ajustait son arc. L'été rallumait les yeux des vieux marbres, Les Dieux amoureux semblaient courtiser Les blanches Vénus, vagues sous les arbres. Rêvant d'un sourire ou d'un doux baiser. Et tout à côté de vous, le cœur ivre, Moi je vous lisais des vers ; vous brodiez, Et je contemplais par-dessus mon livre Votre épaule blanche et vos petits pieds. Le corsage étroit, fait de mousseline, Transparent et fin laissait deviner Les fermes rondeurs de votre poitrine, Je voyais vos seins roses frissonner...