Page:Le Tac - Histoire chronologique de la Nouvelle France, ou Canada, 1888.djvu/17

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Préface.

ont creusées et fait éclater sous leurs pas. Il dira… Mais il en a déjà trop dit. Il a parlé trop haut et trop clair ; son livre ferait scandale ; et quoique le brave P. Sixte Le Tac, — c’est le nom de notre historien, que l’écriture de son manuscrit, rapprochée d’autres documents, nous a permis de retrouver, — se fût couvert du voile de l’anonyme, quoiqu’il se fût prêté à la petite supercherie de mettre son récit sur le compte de quelque officier « faisant profession des affaires de guerre » et parlant en témoin désintéressé de ces querelles de moines, — il dut, le pauvre historien du Canada, digérer « le bœuf », comme disaient les Grecs, que son supérieur « mit sur sa langue ». En d’autres termes il dut ronger son frein et prendre son parti de voir son manuscrit, rapporté en Europe, s’engouffrer, sans espoir de revoir jamais le jour, dans les archives du couvent de Saint-Germain-en-Laye, avec les autres papiers des Récollets de la province de Saint-Denys en France… Mais c’est bien le cas de dire : Habent sua fata libelli. À la Révolution, les papiers des couvents que les Récollets avaient à Saint-Germain et à Versailles sont saisis et transportés aux archives du département de Seine-et-Oise, où ils sont classés, numérotés, puis déposés dans un carton qui les protège de la poussière[1]. M. P. Margry remue pour la première fois ces papiers, il y a une vingtaine d’années, et en tire quelques documents originaux sur Cavelier de la Salle, mais il passe à

  1. Je saisis cette occasion pour remercier M. Bertrandy-Lacabane, archiviste de Seine-et-Oise, et les employés de son service, notamment leur doyen, M. Dupaisay, de la bienveillante obligeance que j’ai toujours rencontrée auprès d’eux et qui a singulièrement facilité mes recherches.