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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/116

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en cet équipage alloit rodant tant de jour que de nuit et tuant plusieurs personnes.

Il s’est trouvé non seulement des empereurs, mais aussi plusieurs autres de moindre qualité, et même des hommes de basse naissance et de basse fortune qui ont eu cette folle vanité et cette folle ambition de vouloir se faire croire et se faire estimer Dieux ; et entr’autres on dit d’un certain Psaphon Libien, homme inconnu et de basse naissance, qu’aïant voulu passer pour un Dieu, il s’avisa de cette ruse : il amassa plusieurs oiseaux de diverses contrées auxquels il aprit avec grand soin de répéter souvent ces paroles-ci : Psaphon est un grand Dieu, Psaphon est un grand Dieu. Puis aïant laché et mis ces oiseaux en liberté, ils se dispersèrent dans toutes les provinces et lieux circonvoisins, les uns d’un côté et les autres d’un autre, et se mirent à dire et à répéter souvent dans leur ramage Psaphon est un grand Dieu, Psaphon est un grand Dieu. De sorte que ces peuples entendant ainsi parler ces sortes d’oiseaux et ignorant la fourbe, commencèrent à adorer ce nouveau Dieu et à lui offrir des sacrifices, jusqu’à ce qu’enfin ils découvrirent la fourberie et cessèrent d’adorer ce Dieu. On dit aussi qu’un certain Annon Carthaginois voulut pour la même fin, se servir d’une pareille ruse, mais qu’il ne lui réussit pas de même qu’à Psaphon, parce que ses oiseaux à qui il avoit apris à répéter ces mots : Annon est un grand Dieu, oublièrent incontinent après qu’ils furent lachés, les paroles qu’ils avoient aprises. Le cardinal du Perron parle, si je ne me trompe, de deux certains docteurs en theologie dont il dit, que l’un se croïoit être le pere éter-