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hommes et qu’elle leur fait souvent faire, sous prétexte de piété, des actions impies et détestables, suivant ce dire de Lucrèce[1] : quae saepius olim Religio peperit scelerosa atque impia facta, et cet autre que j’ai déjà cité, tantum potuit Religio suadere malorum. Plutarque avoit bien raison de dire qu’il auroit beaucoup mieux valu que les hommes n’eussent jamais eu aucune connoissance des Dieux, que de faire tant de folies et tant de méchancetés, qu’ils en font sous prétexte de les honorer, de les craindre et de les servir. Ceux qui les font adorer sont cause de tous ces détestables maux ; il ne faut point s’en etonner, puisqu’il est écrit que c’est des Prophètes même de Jerusalem que la corruption s’est répandue par toute la Terre[2] : A prophetis enim Jerusalem egressa est pollutio super omnem terram.

Nos Christicoles ne sont pas encore tout à fait exemts de cette folle persuasion de la vertu et efficacité de ces cruels sacrifices ; car quoiqu’ils n’en fassent plus maintenant, ils ne laissent pas que d’aprouver ceux qui se faisoient autrefois, et la Loi qui les ordonnoit ; et ils croïent même avoir été délivrés du péché et remis en grace avec leur Dieu par les mérites infinis du sang de leur Dieu sauveur Jésus-Christ, qui s’est, disent ils, livré et offert lui-même en sacrifice sur l’arbre de la croix pour l’expiation de leurs péchés. De là vient, qu’ils disent que ce prétendu divin Sauveur les a lavés dans son sang des ordures de leurs péchés[3], Lavit nos a peccatis nostris in sanguine suo.

  1. Lucréce, L. 1 : 88.
  2. Jeremie, 23 : 15.
  3. Apoc. 15.