Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/308

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soient et parloient suivant les impressions et les transports de leurs passions dominantes, et qui s’imaginoient cependant, que c’étoit par l’esprit de Dieu qu’ils agissoient et parloient, ou bien, c’étoient des imposteurs, qui contrefaisoient les Prophètes, et qui, pour tromper plus facilement les ignorans et les simples, se vantoient d’agir et de parler par l’esprit de Dieu[1] ; quoiqu’ils sussent fort bien que ce n’étoit pas l’esprit de Dieu, mais l’esprit de mensonge et d’imposture qui les faisoit agir et parler. Il ne faut point douter, qu’il n’y en ait eu effectivement de l’un et de l’autre de ces deux différens caractères d’esprit ; car de même que l’on en voit plusieurs, qui contrefont les fous et les insensés, quoiqu’ils ne le soient pas, de même aussi y en a-t-’il eu plusieurs, qui ont contrefait autre fois les Prophètes, et qui, pour ce sujet, ont contrefait ce que les prétendus Prophètes avoient coûtume de dire et de faire ; de sorte que, s’ils venoient à paroitre maintenant parmi nous, quelques-uns de ces prétendus Prophètes (et quand se seroit même quelques-uns des plus fameux du tems passé), il est sûr, qu’ils ne passeroient parmi nous, que pour des visionaires et pour des fanatiques, ou, comme j’ai dit, pour des trompeurs et des imposteurs, qui ne chercheroient qu’à trouver des sots pour les tromper. Il feroit beau maintenant voir de ces prétendus Prophètes, il feroit beau maintenant les entendre dire des Haec dicit Dominus ; on se moqueroit d’eux, et il est certain que nos Christicoles eux-mêmes s’en moqueroient, et ils

  1. Isaie 28. 14. Jude 18.