Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/367

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s’ils l’avoient mérité, parce qu’ils auroient effectivement été pendus ou roués, s’il ne les avoit rachetés.

Pareillement ce ne seroit, ce semble, pas parler juste que de dire que le Christ délivreroit son peuple de ses péchés, s’il devoit les laisser toujours dans leurs vices et dans leurs péchés, et s’il devoit seulement les racheter de la peine éternelle, qu’ils auroient méritée pas leurs péchés, car ce n’est pas véritablement délivrer quelqu’un d’un vice, que de le délivrer seulement de la peine qu’il auroit mérité par son vice. Quand un Médecin guérit des malades, et qu’il guérit, par exemple, ceux qui avoient des fiévres, ou des pleuresies etc., etc., qu’ils s’en trouvent tout-à-fait quites, on peut véritablement dire qu’il les a délivrés de leurs maladies, de leurs fiévres et de leurs pleuresies. Mais il est sûr aussi, que tant qu’ils ne sont point quites de leurs maladies, on ne pouroit point véritablement dire qu’il les auroit délivrés de leurs maladies, puisqu’ils les auroient encore. De même aussi, tant que les hommes sont ou seront sujéts, comme ils sont, à leurs vices et à leurs péchés, on ne peut pas véritablement dire qu’ils en soïent délivrés, et par conséquent la prophétie ou la promesse, qui dit que le Christ délivrera son peuple de ses péchés, ne se trouvant pas véritable, elle est évidemment fausse, ou il faut attendre un autre Christ, pour voir s’il délivrera plus véritablement les hommes de leurs vices et de leurs péchés. Il seroit fort à souhaiter, qu’il en vienne effectivement un, qui puisse faire aux hommes une si belle grâce et un aussi grand bien, que seroit celui de les délivrer véritablement de tous leurs vices, aussi