Aller au contenu

Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blesse, elle ne combat plus avec la franchise et la loyauté qui la caractérisèrent un jour et qui seules lui conviennent ; elle cache ses armes et se rend ridicule par des efforts impuissants, ou bien elle emprunte les armes de ses adversaires, et tache d’opprobre la sainte cause qu’elle est appelée à défendre. Au lieu de combattre le parti conservateur par des arguments puisés dans la science, ou dictés par le bon sens, des arguments cohérents d’une logique implacable, d’une clarté immaculée, au lieu de prouver la fausseté des croyances en mettant à nu les racines de l’arbre dont elles sont les fruits, on fouille le magasin de verbiage des plaideurs de tribunal, on fausse le sens des mots, on forge des phrases à double entente, on veut tout dire, mais on craint le monde, on s’efforce donc de parler et de ne se faire comprendre que par un petit nombre d’initiés, et même de façon à pouvoir donner un démenti à ces initiés mêmes, si quelqu’intérêt personnel demande ce reniement sacrilège. Et cependant on dit que parmi ces gens-là, il y en a de sincères et même de très-respectables. Je ne veux pas dire le contraire et porter un jugement précipité, injuste peut-être, contre qui que ce soit ; mais j’avoue franchement que je n’y comprends rien, à moins qu’on n’accepte chez eux l’absence complète de bon sens, ou l’endoctrinement méthodique des théories creuses et obscures de leurs professeurs.

Ces soi-disant libres penseurs du siècle actuel et la théologie protestante dite moderne, me sont parfaitement antipathiques ; je ne vois en eux que les hybrides d’un époque de réveil après un engourdissement complet, réveil si l’on veut, mais réveil plein de délire. Je sais respecter toutes les convictions, j’estime tous ceux qui parlent et qui agissent d’après la leur, je ne fais pas de reproche de leur foi à ceux qui ne savent que croire, mais j’ai en horreur le mensonge et l’hypocrisie, et je ne saurais marcher avec ceux en qui je n’ai aucune confiance. À eux, aux philosophes et aux théologiens modernes, la lutte contre l’orthodoxie par la diplomatie, par la ruse et par le poison ! À moi