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de donner et de laisser tant de biens et tant de richesses à des gens, qui font profession de renoncer au monde et qui devroient vivre dans la pauvreté et dans les rigoureux exercices de la pénitence ! Quel abus et quelle folie de donner et de laisser tant de biens et tant de richesses à des gens, qui ne font rien qui vaille et qui sont entièrement inutiles au monde. Mais quelle folie et quelle injustice en même tems n’est ce pas, de vouloir que tant de fainéans vivent ainsi grassement du travail d’autrui, et qu’ils soient si inutilement à charge au Public ; je dis qu’ils soient à charge au Public, parce que, quoiqu’ils possèdent de très-grands biens et de très-grandes richesses, on ne sauroit néanmoins dire qu’ils ne vivent pas du travail d’autrui, et qu’ils ne soient pas à charge au Public, puisqu’ils ne font point valoir leurs biens par eux-mêmes, et que ce n’est effectivement que du Public et du travail d’autrui, qu’ils tirent toute leur subsistance et toutes leurs richesses ? C’est une injustice criante de faire manger ainsi à des fainéans, à des gens oisifs et inutiles, la nourriture que les seuls bons ouvriers devraient avoir ; c’est une injustice criante d’arracher de leurs mains ce qu’ils gagnent et ce qu’ils font venir à la sueur de leur corps, pour le donner à tant de moines inutiles.




XLVIII.


Si c’est un abus de souffrir, que tant de moines rentés fassent des voeux de pauvreté et de mortifica-