Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/208

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tion continuelle, et qu’ils possèdent néanmoins ou qu’ils jouissent de tant de si grands biens et de tant de si grandes richesses, et qu’ils soient encore avec cela si inutilement à charge du Public, ce n’est pas un moindre abus de souffrir encore qu’il y en ait inutilement tant d’autres que l’on apelle Mendians et qui sont certainement encore plus à charge au public, puisqu’ils ne vivent que de quête et des aumônes qu’ils demandent et qu’on leur donne. Voici comme Mr. l’Évêque du Bellay parle de l’abus de cette quantité prodigieuse de moines mendians :

Les moines ou Cénobites mendians sont obligés, dit-il,[1] de gagner leur vie au travail de leurs mains, comme il est marqué, dit-il, au Vem Chap. de la règle de S. François et en son Testament qui ordonne à ses Frères de travailler, afin de vivre du loïer de leur travail, et si on ne leur donne point le loïer de leur travail il leur permet d’avoir recours à la Table du Seigneur, en demandant l’aumône de porte en porte etc. Depuis le Pape Nicolas III, par sa déclaration, a exemté du travail manuel ceux qui seroient suffisamment occupés aux fonctions cléricales, en administrant les Sacremens ou en prêchant. Ainsi, suivant leur première institution, la mendicité ne leur est permise que lorsqu’ils ne reçoivent point le loïer de leur travail manuel ou spirituel, et elle ne leur permet aussi la quête, qu’en vûë des services qu’ils rendent au Public. Si bien, qu’auparavant de quêter, ils doivent avoir rendu service à ceux à qui ils demandent : car c’est une chose

  1. Dans son livre à Hermodore.