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tendues sortes de tâches, puisque l’on voit tous les jours que celles qui se croïent les plus nettes et qui trouvent le plus à redire aux autres, sont celles-là mêmes de qui les autres parlent. D’ailleurs, quand il y auroit dans quelques familles quelques particuliers, qui se seroient mal comportés et qui auroient fait mal, comme cela arrive assez souvent, et qu’il n’y a même guères de familles, dans lesquelles il n’y ait quelques-uns, qui se comportent mal, est-il juste que tous les autres de la même famille, qui seroient peut-être honnêtes gens, soient pour cela mal regardés et méprisés ? Faut-il que les innocens et que les honnêtes gens souffrent pour les coupables et qu’ils portent aussi bien qu’eux la honte et la confusion de leurs vices et de leurs dérèglemens ? Cela certainement n’est pas juste ; il faut estimer un chacun par son propre mérite et non par le mérite, ni par le démérite d’aucun autre. Qu’arrive-t’-il encore de ces vaines et odieuses distinctions de famille ? Il arrive de-là, que ceux qui sont d’une fortune plus élevée que celle des autres, veulent se prévaloir de cet avantage et s’imaginent pour cela valoir beaucoup plus que les autres. C’est pourquoi aussi ils veulent toujours dominer impérieusement et tiranniquement sur les autres, et veulent les assujétir à leurs loix, comme s’ils n’étoient nés eux que pour dominer et pour commander, et que les autres ne fussent nés que pour les servir et pour être leurs esclaves.

Les Grands, comme il est dit dans Télemaque, sont nourris et élevés dans une hauteur et dans une fièreté qui ternit tout ce qu’il y auroit de bon en eux ; ils