Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/239

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même égalité. Personne n’auroit que faire de penser à aller voler et dérober, ni à aller tuer et assassiner personne, pour avoir sa bourse et son bien, puisque cela ne lui servirait de rien dans son particulier. Personne même n’auroit que faire de se tuer, pour ainsi dire, soi-même par des excès de fatigues et de travail, comme font maintenant une infinité de pauvres gens, qui sont comme contrains de se tuer de fatigues et de travail, pour subvenir aux fraix que l’on exige rigoureusement d’eux. Personne, dis-je, n’auroit que faire de se tuer ainsi de peines et de fatigues, puisque chacun aideroit de son côté à porter les peines du travail et que personne ne demeureroit dans l’oisiveté.

Vous étonnez-vous, pauvres peuples ! que vous aïez tant de mal et tant de peines dans la vie ? C’est que vous portez seul tout le poids du jour et de la chaleur, comme ces laboureurs, dont il est parlé dans une parabole de l’Évangile, c’est que vous êtes chargés, vous et tous vos semblables, de tout le fardeau de l’État ; vous êtes chargés, non seulement de tout le fardeau de vos Rois et de vos Princes, qui sont vos premiers tyrans ; mais vous êtes encore chargés de toute la Noblesse, de tout le Clergé, de toute la Moinerie, de tous les gens de justice, de tous les gens de guerre, de tous les maltotiers, de tous les gardes de sel et de tabac, et enfin de tout ce qu’il y a de gens fainéans et inutiles dans le monde. Car ce n’est que des fruits de vos pénibles travaux, que tous ces gens-là vivent, eux et tous ceux et celles qui les servent. Vous fournissez par vos travaux tout ce qui est nécessaire à leur subsistance, mais encore