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citoyens pussent vivre en bonnes intelligence, en bannit avec raison, les mots de mien et de tien, jugeant bien que, tandis qu’il y auroit quelque chose à partager, il se trouveroit toujours des mécontens, d’où naissent les troubles, les divisions et les procès.




LIII.


C’étoit, suivant toutes les aparences, à cette forme de vivre en commun, comme à la meilleure et à la plus convenable aux hommes, que la Religion Chrétienne vouloit dans son commencement ramener ses sectateurs. C’est ce qui paroit non seulement en ce qu’elle les obligeoit de se regarder tous comme frères et comme égaux entr’eux, mais aussi en ce qui se pratiquoit parmi eux, dans leur commencement. Car il est marqué dans leurs livres, qu’ils mettoient pour lors tout en commun entr’eux et qu’il n’y avoit aucun pauvre parmi eux, toute la multitude de ceux qui croïoient, dit leur Histoire[1] n’avoient qu’un cœur et un même esprit, aucun ne regardoit rien de ce qu’il possedoit comme lui apartenant en particulier, mais ils mettoient tout en commun et il n’y avoit point de pauvres parmi eux, parce que tous ceux qui avoient des terres, des héritages ou des maisons, les vendoient et en aportoient le prix aux Apôtres, qui le faisoient distribuer à cha-

  1. Act. 2 : 44